Qui n'a jamais suivi en voiture à 4 km/heure dans une côte interminable des vélos ne connaît rien du cyclisme et il a beau regarder tous les ans le tour de France, il n’apprendra jamais rien ! Bien entendu je parle de suivre nos cyclistes, nos IVV, nos copains, pas des "casse-pieds" des inconnus de la vallée de Chevreuse, qui nous bloquent quand on est pressé le dimanche matin et qu’ils ne veulent pas se ranger sur le côté. C’est donc pour la queue de peloton (2 vélos
en général) que cette petite chronique a vu le jour afin
que les "bons" les "têtes de peloton" sachent
ce qui se passe à l'arrière du groupe. Car il existe une
vie parallèle, faite de solidarité, d'amitié forte,
où l'effort est aussi intense qu'en tête de course. Car je
peux vous dire que le dernier souffre et sa souffrance n’est pas
proportionnelle à son classement, sinon le dernier serait le premier
comme l’a déjà dit quelqu’un de très
bien, un peu avant moi ! Le plus difficile est quand un coureur à pied
nous rattrape. Partis ensemble du bas de la côte et après
avoir été distancé, le coureur remonte au niveau
de deux cyclos à bout de souffle. Lui, avec son corps de rêve,
son petit short sexy, son enregistreur de rythme cardiaque, son walk man
(ou plutôt run man) et sa petite bouteille d'eau.....(évidemment
nos cyclos n’utilisent pas le même carburant), il a osé
nous rattraper et il faut faire diversion et le distraire pour ralentir
son allure insupportable. Et vous n’imaginez pas le soulagement
quand le haut de la côte est atteint et que l'essentiel est sauvé
: l’honneur. Car ce coureur est une véritable insulte vivante
et en plus courante. Heureusement le cyclo n'a rien vu du drame terrible
qui se jouait dans son dos à quelques mètres de lui, sinon
imaginez la déprime s’il avait vu le coureur à ses
côtés ! Le dernier du peloton est comme notre petit « dernier », on a envie de le protéger et nous partageons avec lui ce désespoir lorsqu'il arrive enfin à retrouver le groupe ; suant, soufflant, au bord du coma, et qu’on lui dit "tu t'es arrêté ou quoi ?" ou "tu t'es perdu ?" Pire ; il n'a pas fini de se désaltérer que le groupe est déjà reparti. Pourtant ces premiers qui repartent sans un regard, sans une parole encourageante sont tout de même ses meilleurs copains et dans tout autre circonstance ils se tendraient la main. Mais le vélo c'est le vélo et le groupe c’est le groupe. Il est difficile également d’accepter que le dernier doive faire tant d’effort de concentration qu’il ne peut pas regarder les magnifiques paysages. En effet, s’il relevait la tête, sa ligne ne serait plus aérodynamique, et dieu sait qu’à 4 km l’aérodynamisme revêt une importance cruciale. Par contre dans les descentes le dernier est excellent et l’on est heureuse pour lui de sentir ses muscles se détendre et l’air frais lui redonner une mine de poupon. Rien ne lui fait plus peur. Heureusement l’accompagnatrice, autre fois la «
mère » des cyclos et aujourd’hui plutôt la «
grand mère » (eh oui la courbe des âges des cyclos
est aussi une belle côte) bichonne la queue de peloton. Elle propose
en cachette du groupe des « petites douceurs » que ne connaîtront
jamais les champions. Ce petit secret, jalousement gardé, redonne
un peu de moral et de courage aux derniers…mais chutttt nous n’en
dirons pas plus. La vue de l’arrière du derrière de
peloton n’a d’égal que la vue de l’arrière
des derrières des cyclos, et dieu sait qu’il existe des formes
différentes……de derrières. Mais il serait plus
convenable de s’attarder sur le style que sur les fessiers que l’on
découvre de l’arrière. Il y a celui qui pédale
le genou bien droit dans l’axe de la jambe. Celui qui pédale
le genou ouvert vers l’extérieur (ne rêvez pas l’ouverture
sur l’extérieur reste au niveau du genou ne remonte pas toujours
jusqu’au casque). Celui qui a la jambe plus ou moins tendue, le
mollet plus ou moins longiligne, poilu etc….. La cheville semble
indépendante et elle est drôle dans ce mouvement rotatif,
elle semble être transpercée par un axe fixant ainsi le pied
qui ne penche jamais ni vers l’avant ni vers l’arrière,
il reste horizontal. Il existe aussi une série de cyclos dont je n’ai
pas parlé, il s’agit du cyclo du milieu (le plus gros du
peloton). C’est lui le moins aimé, car il n'a pas la gloire
des premiers et pas la compassion des derniers. C'est le commun qui s'accroche
à tout prix pour ne pas être le dernier et qui pourrait y
laisser sa santé qu'il ne cèderait pas. Bon je ne le connais
pas bien et il est difficile d'en parler, cependant les années
passant je ne désespère pas de le retrouver en queue de
peloton un jour prochain (ma patiente est grande..) alors on pourra faire
plus ample connaissance.
Renée |